Défilé

Mon cher Attik,

J'ai eu quelques soucis de connexion temporelle, ce qui m'a empêché de t'envoyer des tablettes ces derniers jours. J'espère que tout va bien chez nous. Le guide de l'Agence des Voyages Temporels que j'ai contacté vendredi dernier m'a dit que les coupures de réseau étaient fréquentes ces derniers temps à cause des tensions avec l'Asie. Il m'a engagé à ne pas m'inquiéter, et m'a suggéré d'aller voir le défilé Dior pour me changer les idées. Tu me reproches assez souvent d'avoir des activités trop sérieuses et de ne pas laisser assez de place à la détente : aussi ai-je accepté, mais à contrecoeur, de suivre mon guide à cette manifestation de futilités.

Des vêtements je n'ai pas grand chose à dire, si ce n'est qu'ils sont d'une remarquable sobriété par rapport aux fanfreluches que portent nos femmes. Ici, point de provocantes nudités des seins suggérées à travers des tissus transparents, point d'épaule trop nue.... Cependant, j'ai été proprement effrayé par le visage de ces femmes : maquillés à outrance, leurs yeux leur donnaient l'air de vieux hiboux insomniaques. Quant à leurs cheveux, eh bien, je crois que je n'ai jamais rien vu d'aussi volumineux depuis l'effrayante coiffure d'un personnage de ce vieux film 2D, Mars attacks. ne parlons pas du sourire, il n'en n'est pas question : moins on a l'air heureux, mieux c'est, semble-t-il. Bref, ces femmes m'ont tout simplement fait peur. Heureusement que la mode, à cette époque bénie, est négligée par la plupart des femmes, qui, elles, ont le bon goût de se maquiller avec élégance et de se coiffer avec une simplicité charmante.

Je ne m'étendrai pas davantage sur le sujet : je me suis ennuyé ferme. Comment peut-on dépenser tant d'argent (des millions d'euros anciens, rends-toi compte !) pour de telles bêtises ? Mais sans doute suis-je imperméable à toute sensation artistique puisque, paraît-il, cela, c'est de l'art. je préfère encore nos femmes, avec leurs grandes capuches inutiles sous nos latitudes, et leurs minuscules justaucorps, et leurs bottes sandales extravagantes : elles, au moins, si leur goût vestimentaire est parfois douteux, elles cultivent l'art véritable qu'est celui du sourire.

Je m'arrête là avec la mode : ce n'est pas mon élément, et j'ai bien souffert à t'en parler ! Au moins, tu ne pourras pas dire que je n'ai pas fait d'efforts...

Que la sage lumière de l'Empereur t'accompagne,

Ton ami,

Cik.